Le Télégramme

Le fioul du « Peter Sif » refait surface


Le cargo danois avait sombré en 1979

OUESSANT (29). Une pollution aux hydrocarbures aux abords de Ouessant a été signalée hier en début d'après-midi au CROSS Corsen. Dès l'alerte donnée, d'importants moyens ont été mis en oeuvre pour estimer l'étendue des nappes de fioul qui 74s'échappaient de l'épave du « Peter Sif », un cargo coulé en 1979. Averti par des plongeurs du club de Ouessant qui regagnaient le port de Lampaul peu après 12 h , le CROSS Corsen a signalé hier la découverte de nappes d'hydrocarbures à la préfecture maritime de Brest. Sur zone quelques minutes plus tard, un hélicoptère de Lanvéoc-Poulmic a observé plusieurs petites nappes d'hydrocarbures dont une principale mesurant 200 m sur 100 m et située à la verticale de l'épave du « Peter Sif ». Le caboteur danois de 61 mètres de long a sombré par 57 mètres de fond dans la journée du 15 novembre 1979, après une tentative de sauvetage. Transportant des conteneurs de vêtements et de matériel de travaux publics, il ne représentait pas de danger majeur pour l'environnement. C'était pourtant sans compter sur la cargaison de fioul lourd de propulsion contenue dans ses flancs.

 Hier soir, avant que les plongeurs en évaluent les réserves, personne ne connaissait le volume de fioul contenu par les cuves d'une capacité de 300 m3.

 

Une forte odeur

Dans l'après-midi, avant que les trois bâtiments de la Marine nationale n'arrivent sur zone avec à leur bord du matériel de pompage et 500 m de barrage, une forte odeur de fioul empestait l'air par endroit. Sur la côte de l'île d'Ouessant, de petites nappes brunes accompagnées de mousse blanche ne semblaient pas inquiétantes selon les insulaires. Des traces de fioul poussées par un faible vent d'ouest à l'intérieur de la baie de Lampaul étaient observées dès 17 h dans le petit port de Bouguezen.

 De retour de mer, les pêcheurs interrogés par la gendarmerie maritime n'ont pourtant observé que peu de traces de la pollution.

 

Des risques non évalués

Avant qu'un avion avec à son bord un ingénieur du CEDRE ne survole la zone, et en attendant l'arrivée des plongeurs démineurs à bord du « Styx », puis du remorqueur « Buffle » et du navire de servitude « Alcion » et son équipement de dépollution, personne n'était capable hier soir d'évaluer le degré de pollution.

 Quelqu'en soit l'importance, le fioul qui continuait hier soir à s'échapper des soutes de l'épave, pourrait au pire souiller le rivage de la baie de Lampaul.

 

Des incidents trop fréquents

Hier soir, Denis Palluel le maire de Ouessant craignait que la concession conchylicole ne soit touchée de plein fouet par la nappe de fioul. Des propos nuancés par Michel Stéphan, l'un des deux exploitants de la société Algues et mer qui déclarait hier soir : « Ca s'étale depuis un jour ou deux sans dommage ». Des propos confirmés par Jean Rolland, le patron du canot de sauvetage de l'île qui affirme avoir vu des signes de pollution depuis le coup de vent de dimanche.

 Le type de pollution qui a touché hier l'île d'Ouessant semble être de plus en plus fréquent selon M. Rousseau du CEDRE. Au mois d'août dernier, une frégate météorologique qui avait sauté sur une mine en 1950 devant le Cap Fréhel, a rendu le gasoil contenu dans ses soutes.

 « Ce problème risque de se renouveler encore sur les bateaux coulés durant la dernière guerre, sous l'effet de la corrosion », explique l'ingénieur du CEDRE.

 Les Norvégiens, soucieux de l'environnement fragile de leurs fjords ont pris les devants après quelques accidents de ce type. Ils ont lancé un programme de pompage.

 

Jean Le Borgne


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Copyright © LE TELEGRAMME 18/09/1998