Quels sont les effets de la rétention du souffle (apnée)

Priver ou même diminuer l'apport l'oxygène à l'organisme humain
déclenche de puissantes réactions de défense.
Ces réactions ont été étudiés d'une manière approfondie par de nombreux
physiologie (Ch. Richet, A. Mayer, V. Strumga, Hjélène Lupu, J.  Bareroft,
Léon Binet).
La suspension du souffle constitue un excellent exercice de contrôle du
centre respiratoire, l'organe vital par excellence puisqu'une simple
pigûre d'épingle à son niveau tue instantanément.
Au début de l'apnée le corps a tendance à accélérer le rythme de ses
battements.
Bientôt il y a une adaptation circulatoire au manque d'oxygène. Le corps
ralentit et l'organisme se met à économiser le précieux oxygène. Les
cellules pulmonaires essayent d'extraire au maximum l'oxygène de l'air
enfermé dans les poumons.
Les physiologistes ont analysé l'air alvéolaire expiré normalement. Ils
ont recueilli l'air épuisé chassé par les poumons. Cet air contient
normalement encore 15% d'oxygène, ce qui est beaucoup puisque l'air
atmosphérique contient 21% d'oxygène .
Chez l'être qui étouffe, ce % tombe à 7.5% d'oxygène.
Mais la réaction la plus remarquable est la suivante.
Le manque d'oxygène excite le centre spléno-constricteur, c'est-à-dire
que la rate se contracte puissamment et chasse les globules rouges qui y
sont accumulés.
En quelques minutes, le nombre de globule rouges contenus dans un mm3 et
qui est normalement  de 5 à5.6 millions, s'élève d'un million et plus. Ce
qui est énorme si l'on songe que l'organisme contient 4 à5 litres de sang.
Cette augmentation quasi instantanée du nombre de globules rouges dans
le sang explique que si au premier essai de rétention vous avez pu aller
jusqu'à 60secondes, après respiration normale de 1 min. la suspension atteint
90 sec, et même 100 sec au 3E essai.
Le nombre accru de globules rouges circulant dans le sang permet de
fixer une plus grande quantité d'oxygène dès que de l'air frais pénètre dans
les poumons et permet à l'organisme de résister plus longtemps à une
nouvelle suspension du souffle.
Lorsque la respiration redevient normale, le taux accru de globules
rouges reste maintenu pendant de longues heures. Celui qui pratique plusieurs
exercices respiratoires de hatha yoga (ou d'apnée) par jour verra donc
son sang enrichi en permanence d'un million et même plus de globules rouges
par mm3 de sang au dessus de la normale, et au même titre que les
montagnards.
Le exercices de Hatha-Yoga (ou d'apnée), donnent donc à ce point de vue
les mêmes effets qu'une cure d'altitude.

Pour résumer :
- En retenant votre souffle, vous dirigez le faisceau de l'activité
consciente vers le centre respiratoire.
- Par suite de l'arrêt de la respiration, les cellules pulmonaires, ne
  recevant plus d'apport d'air frais tentent d'extraire tout l'oxygène
  contenu dans l'air enfermé dans les alvéoles. Elle deviennent « affamées »
  d'oxygène.
- Le taux de CO2 augmente dans le sang, ce qui excite puissamment le
  centre respiratoire, inhibé par la volonté.
- Le corps doit s'adapter à la réaction vaso-motrice déclenchée par la
  dilatation du thorax pendant la rétention.

Extrait du cours de André Van Lysebeth éminent professeur d'Apnée Belge.